PAS DE CUIVRE AU VIGNOBLE CHÂTEAU BENEHARD
Explications...
Le cuivre est utilisé, dans la plupart des agricultures et en particulier l’agriculture biologique (AB), pour contrôler diverses maladies fongiques ou bactériennes, principalement sur vigne, en productions fruitières et en cultures légumières (y compris la pomme de terre). Il constitue la seule matière active à effet fongicide fort et gamme d’action large homologuée en AB.
Ce sont d’abord l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) et l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), qui ont pointé du doigt les dangers de ce pesticide dans un rapport publié en 2017. L’étude met en évidence ses effets toxiques pour les plantes, la faune aquatique, les mammifères, la vie des sols… et jusqu’aux viticulteurs eux-mêmes : une surexposition chronique pourrait entraîner des accumulations dans le foie et les reins, ainsi que des irritations oculaires
La mise en évidence d'effets environnementaux négatifs du cuivre, notamment sur les organismes du sol et les auxiliaires des cultures, a conduit à des restrictions réglementaires d'usage (plafonnement depuis 2019 des doses applicables à 4Kg par Hectare et par An) en agriculture biologique et à 3Kg par Hectare et par an chez DEMETER, et son utilisation vient d’être réhomologuée. Le 27 novembre 2022, à Bruxelles, les États membres se sont en effet accordés sur la prolongation du sulfate de cuivre pour sept années et même à son interdiction comme pesticide dans certains pays européens (Pays-Bas, Danemark) avec une menace persistante d’interdiction totale.
L’utilisation de cuivre n'est pas neutre pour l'environnement. "Des concentrations excédentaires en cuivre ont des effets néfastes sur la croissance et le développement de la plupart des plantes, sur les communautés microbiennes et la faune des sols", résume l'Inra.
Mais après des décennies d’usage, les sols agricoles et notamment viticoles connaissent des teneurs élevées d'autant que le cuivre ne se dégrade pas. Si naturellement, on retrouve de 3 à 100 milligrammes de cuivre par kilo (mg/kg) de sol, les vignes peuvent aller jusqu’à 500 mg/kg.
Les plantes sont alors atteintes de chlorose et «il existe des centaines d’études qui montrent que le cuivre affecte les communautés microbiennes des sols et des composants de la microfaune comme les collemboles », a rappelé Didier Andrivon, pilote scientifique de l’Esco pour l’Inra.
Quand le sol des terres agricoles est pollué par du cuivre, les animaux absorbent des concentrations importantes leur causant des problèmes de santé. Les moutons, surtout, souffrent beaucoup de l'empoisonnement au cuivre car les effets du cuivre chez les moutons se manifestent même à de très faibles concentrations
Naturellement présent dans la croûte terrestre, le cuivre (à faible dose) est essentiel au développement de toute forme de vie. Le corps humain a besoin de différents métaux pour vivre (fer, zinc, plomb,…) mais à des doses infime (environ 0,7 mg par an).
DANGER DU CUIVRE POUR LA VIGNE et LE VIN
Le cuivre fût l’un des premiers pesticides utilisés, dès les années 1950. Pendant plusieurs années, des dizaines de kilos (en moyenne 40 par hectare et par an) ont été utilisés, créant une accumulation dans les sols. « Il y a une dose naturelle de cuivre d’environ 30 mg par kilo, mais on a des zones viticoles qui approchent les 500 mg en moyenne, soit près de vingt fois la dose naturelle. Autant dire que le mal est fait », déplore Lionel Ranjard, directeur de recherche à l’Inrae en écologie du sol et agroécologie.
le cuivre présente plusieurs inconvénients : à haute dose, il devient toxique pour les sols et comme il est soluble, la moindre goutte de pluie le retire de la feuille de vigne, obligeant les viticulteurs à en épandre plusieurs fois.
« Or le cuivre commence à avoir un impact négatif sur les qualités organoleptiques du vin à partir de 0,5 mg/l » signale Christophe Morge. Le cuivre est en effet un catalyseur d'oxydation. « Plus la concentration en cuivre est importante, plus les vins seront sensibles aux oxydations », poursuit l'œnologue
.... à suivre...